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Consommation, emballages, communication, recherche, gastronomie… Les enjeux et défis de la filière fruits et légumes pour 2022

Interfel, le CTIFL et Aprifel ont tenu leur conférence de presse de rentrée le 18 janvier en visio. L’occasion de faire le point sur les dernières actualités en termes de consommation, de la loi Agec et des temps forts annoncés pour 2022.

Laurent Grandin, président d’Interfel, Jacques Rouchaussé, président du CTIFL, et Christel Teyssedre, présidente d’Aprifel, ont présenté leurs vœux à la presse lors de la traditionnelle conférence de rentrée, en visio le 18 janvier.
© Capture d'écran FLD/Interfel

[Mise à jour le 19 janvier à 13h]

 

Laurent Grandin, président d’Interfel, Jacques Rouchaussé, président du CTIFL, et Christel Teyssedre, présidente d’Aprifel, ont présenté leurs vœux à la presse lors de la traditionnelle conférence de rentrée, en visio le 18 janvier.

L’occasion de faire le point sur la consommation qui, après avoir profité des effets “confinement”, se tasse en fin d’année. Le décrochage est encore plus accentué sur le bio et des programmes de communication vont être mis en œuvre.

Emballages et loi Agec : les dernières nouvelles

Concernant la loi Agec et l’article 77, le référé a été rejeté le 5 janvier 2022 pour défaut d'urgence. La procédure se poursuit au fond. « L'ordonnance a été rendue sans audiencement, probablement parce que le Conseil d'Etat avait déjà traité le même dispositif dans le cadre de la requête formée par Plastalliance », précise Interfel.

Laurent Grandin précise : « La filière des fruits et légumes est prête à se fixer des objectifs de sortie définitive du plastique. Il faut nous donner les moyens [de recherche]. Quant aux délais, s’il faut nous laisser du temps, on estime néanmoins pouvoir aller assez vite et être la première filière à atteindre l’objectif. »

Flambée des intrants et de l’énergie : ça continue

Jacques Rouchaussé précise : « Il n’y a pas que le coût des intrants, mais aussi l’emballage, le transport, et surtout celui de l’énergie, +47 %. Nous sommes en négociation avec les ministères de l’Agriculture et de Bercy pour une compensation. C’est grave. Des mises en place de cultures sont reportées car ça coûte trop cher. Et contrairement à ce que nous préconisent les pouvoirs publics, on ne peut pas reporter le surcoût sur la distribution, c’est une vision simpliste. Toute la filière en pâtit, pas que la production. »

Présidence française de l’UE : la lettre au père Noël

Interfel annonce avoir rédigé une « lettre au père Noël » pour les pouvoirs publics, un document d’une dizaine de points sur lesquelles agir pendant la présidence française de l’UE. Parmi ces demandes : les clauses miroirs pour arrêter les « distorsions de concurrence intérieures et extérieures », une harmonisation européenne sur les différents domaines du secteur fruits et légumes. Le document présente aussi des propositions de « communication informationnelle sur les démarches de la filière ».

2022 : Une année spéciale gastronomie

Laurent Grandin l’annonce tout de go : après une année internationale des fruits et légumes, « 2022 sera pour nous l’année de la gastronomie ». Guillaume Gomez a déjà accepté d’être le parrain de l’Acofal, l’association du frais alimentaire (fruits et légumes frais, de la pêche, de la viande et de la pomme de terre). « On va porter une proposition d’éducation alimentaire à l’école, en partenariat avec OpenAgriFood et le think tank agroalimentaire d’Oliviers Dauvers, et militer pour le retour des cours de cuisine à l’école mais aussi de sensibilisation à l’agriculture et à la nutrition. Car on part du principe que si on sait cuisiner et qu’on a une conscience des produits frais, on se nourrira bien toute sa vie », estime Laurent Grandin.

Le programme Fruits à l’école ne doit plus être un échec

Le programme européen Fraîch Force se poursuit, ainsi que le programme Fruits & légumes et produits laitiers à l’école. « Il faut qu’on arrive à mettre en œuvre le programme Fruits à l’école ; en France on souffre de sur-administration de ce programme, regrette Laurent Grandin. On a déjà réussi à faire revenir les diététiciens dans les écoles grâce et via Aprifel. Alors qu’on pourrait mettre en œuvre Egalim dans les écoles pour favoriser une alimentation saine et durable, ce sont 100 M€ sur trois ans (avec le lait) qui sont perdus en raison des difficultés de mise en œuvre du programme. »

Et le chèque alimentaire ?

Le projet de chèque alimentaire durable « avance », avec une mission qui vient d’auditer Interfel. Son coût serait celui du milliard mais « le retour sur investissement (consommation de fruits et légumes, amélioration de la santé… de ces populations précaires visées par ce chèque) permettrait de compenser cette somme », estime Laurent Grandin. Et Christel Teyssedre de préciser que la mission devrait rendre son rapport au gouvernement début février. « Mais il ne s’agira que de préconisations. Quelles en seront les mises en œuvre ? » Le gouvernement s’était engagé à une mise en œuvre avant la fin du quinquennat.

Interfel dans le programme européen de communication légumineuses

Interfel s’est associé à Terre Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales), (coordinateur), la FNLS (Fédération nationale des Légumes Secs) et la Fiac (Fédération des Industries des Aliments Conservés) pour un programme européen de communication sur les légumineuses.

D’une durée d’un an renouvelable, ce programme a trois objectifs principaux : augmenter la consommation de légumineuses, notamment chez les plus jeunes, pour atteindre les recommandations du PNNS (2 fois par semaine) ; faire connaître leurs atouts (nutritifs, gustatifs, environnementaux…) et en lever les préjugés. Trois cibles principales : les enfants et adolescents de 8 à 18 ans et leurs parents ; les professionnels de la nutrition-santé ; et les professionnels de la restauration scolaire et collective/écoles de formation. Concernant les budgets, FranceAgriMer participe à hauteur de 80 %. Côté Interfel, il s’agit de 40 000 € de CVE/an soit 200 000 €/an pour le total de l’action.

« Dans un contexte de végétalisation de l’alimentation, les pouvoirs publics souhaitent encourager la consommation des fruits et légumes & des légumineuses. Il s’agit de deux groupes alimentaires complémentaires avec des caractéristiques propres, d’un point de vue nutritionnel et culinaire : les fruits et légumes sont riches en eau, ce qui vient contrer le côté “sec” des légumineuses », relate Interfel à FLD pour expliquer son association à ce programme.

Les autres temps forts de 2022

A vos agendas ! L’interprofession sera au salon de l’Agriculture si celui-ci se tient comme prévu. Elle y dévoilera notamment son traditionnel baromètre de confiance des fruits et légumes frais. La Fête des Fruits & Légumes Frais reviendra du 10 au 19 juin, avec plus d’actions sur le terrain en fonction du contexte sanitaire, espère Interfel. Une campagne de dynamisation de la consommation transversale est prévue, ainsi que de la communication sur les métiers, la refonte du site internet et la poursuite des actions sur les réseaux sociaux.

Aprifel : à fond la comm’ et les actions terrain

Pour 2022, Aprifel ambitionne de « renforcer tous les partenariats et de dialoguer avec les associations de consommateurs, les instances scientifiques, les réseaux pédagogiques comme Canopé », souligne Christel Teyssedre. Les études scientifiques initiées en 2021 vont se poursuivre (conservation des fruits et légumes, microbiote, impact environnemental des régimes alimentaires) et de nouvelles vont être lancées (systèmes agricoles et alimentaires durables avec Londres). Un colloque sur l’obésité infantile aura lieu fin 2022 en France. Sur le terrain, Aprifel va pousser les actions, toujours vers les professionnels de santé mais aussi les citoyens, les parents… L’opération “Boost ton petit déjeuner” est relancée ainsi que les programmes média et réseaux sociaux (3e saison de Healthyvore avec Konbini par exemple).

CTIFL : union sacrée avec les stations et une nécessité de budget

2022 marquera les 70 ans du CTIFL (après les 40 ans d’Aprifel en 2021) et le centre technique annonce des célébrations à venir. Côté axes de travail, « 2021 a été marqué par le gel mais aussi les pluies et la sécheresse. Il faut vraiment qu’on se mette en ordre de marche pour répondre aux attentes de la filière », rappelle Jacques Rouchaussé. Être plus performant et accentuer la recherche pour s’adapter au changement climatique -par la recherche variétale et par la protection des cultures- est donc une priorité. Des partenariats avec les stations d’expérimentation en métropole mais surtout en Outre-Mer, « qui ont des conditions climatiques spécifiques et intéressantes à étudier », sont prévues : l’Armeflhor à la Réunion, l’IT2 en Guadeloupe qui a élargi son spectre d’actions à autre que la banane ; la Guyane est souhaitée. « Le CTIFL veut développer un axe d’union avec les stations d’expérimentation pour aller plus loin, plus vite. Des ambitions émergent aussi sur le sujet des insectes stériles (après le lancement de la plateforme PiloTis l’année dernière) pour devenir un meneur européen. »

« Mais nous ne pourrons pas faire tout ça sans l’aide de l’Etat, insiste Jacques Rouchaussé. La recherche ne se fait pas en un claquement de doigts, pour anticiper les problèmes (changement climatique, emballages), il faut du temps et de l’argent. On demande 1 € investi par le ministère de l’Agriculture pour 1€ investi par la filière. Julien Denormandie nous a promis de pérenniser les 4,69 M€ du ministère de l’Agriculture pour financer le CTIFL dans le cadre de la suppression de la TFA. »

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